Mon petit fils, mon enfant,
tu qui dort, couché sur mes jambes,
mes genoux, mon petit chou,
tu ne dois pas craindre les murs.
Non devi temere i muri, le mura,
les murailles des rochers
où des princesses s’endorment,
comme tu fais, sur des genoux
de pierres et de fleurs.
Non li devi temere : tu credimi,
fidati, ascoltami, io sono
più vecchia del mondo,
plus ancienne que la terre,
ou le fils comme toi s’endorment,
succhiano, seccano
tutto e fioriscono, stesi étendus
sur mes bras, miei abbracci,
e siedo tra le cucine e l’aria
in un giorno d’estate al canto
delle cicale, au chant gris,
petit fils, au chant
qu’on ne voit pas, iuvenum
pulcherrimus alter,
altera, quas Oriens
habuit, praelata puellis…
Ne crains pas les parois,
les bastions de la ville
de la vie : moi, je les ai vus
tomber abattus, io li ho visti cadere,
exploser, plonger, s’effacer
fissus erat tenui rima,
quam duxerat olim.
Moi-même, j’ai poussé,
écrasé, éraflé,
les mains dans la poudre des ruines,
i muri di tutti gli Ottantanove,
i muri che partono
un cuore da un cuore,
un labbro da un labbro –
invide paries,
lontano, di là dalle foglie,
di là dal cantare grigio delle cicale,
le murs qui enferment
un limite aux douleurs,
les murs qui nous offrent
un rêve d’horizon.
Mio figlio, mio bambino,
avec tes pupilles ouvertes
sous tes paupières légères,
qui all’ombra del muro,
non avere paura.