La pioggia è una ferita
al ventre della terra
una ruga sulle foglie
il vento nei rami
un valzer insanguinato
trasportiamo il cuneo
in tutte le nostre traversate
in piena costellazione
incespichiamo nella caverna
La fame cresce dalla crosta del pane
È triste che gli uomini
erigano una promiscuità
dalla biforcazione dei loro sogni
Dalla mia persiana
oblò del grido secolare
guardo la strada brulicare di odori
di movimenti dove zoppica l’abisso
con frenesia di spettro
dolorosa fraternità
nel guardarsi
nel movimento dei passanti
come una sensazione rimossa
dal proprio corpo
Io piccola scimmia dei tropici
dallo spacco delle natiche lacerato con violenza
sballotto i miei tour circensi
in rottame di memoria
verso orizzonti
dove la luce del bersaglio
mal dissimula la rigidità della forca
Il mare si abissa in rumore fumante
e disperde nel coito dei marinai
le sue rive
che lasciano alla fecondazione
limiti irriducibili
L’orbita ellittica
è intercettata
dal balletto ardente dei grilli
che dal fremito delle zampe
accordano l’arpa dello spazio
soffiandovi l’ondulazione della sabbia movente
innumerevoli piccole particelle di prisma
e di specchi di blu ne delimitano
l’espansione salina
al taglio della cicuta
Sotto il peso del deserto
un’oasi è più fuggitiva
del nomade
La fretta ci precede
della sua fuga esausta
l’ascensione è una carcassa d’erranza
La metafora dei cuori nomadi
colpita dal mal d’inchiostro
la lingua nell’intenso
desiderio in germoglio
fa sgorgare la fonte delle profondità
della sete
alle allucinazioni notturne
l’inganno dell’occhio erige l’obelisco del sogno.
Traduzione di Angela Caputo
Queste «Poesie» di Bonel Auguste sono state pubblicate per la prima volta ne «La Nouvelle Revue Française» (gennaio 2006), pagine 190-192.
Versione originale
Poèmes
La pluie est
une blessure
au ventre de la terre
une ride sur les feuilles
le vent dans les branches
une valse sanglante
nous transportons la cale
dans toutes nos traversées
en pleine constellation
nous butons sur la caverne
La faim fleurit à la croûte du pain
C’est triste
que les hommes
érigent une promiscuité
par la bifurcation de leurs rêves
De ma
persienne
hublot du cri séculaire
je regarde la rue foisonner d’odeurs
de mouvements où sautille l’abîme
en frénésie de revenant
douloureuse fraternité
que de se regarder
dans le mouvement des passants
comme une sensation extraite
de son propre corps
Moi petit
singe des tropiques
à la raie des fesses en violente entaille
je trimballe mes tours de cirque
en ferraille de mémoire
vers des horizons
où la lumière de la cible
dissimule mal la rigidité de la potence
La mer
s’abîme en rumeur fumante
et disperse dans le coït des marins
ses rives
qui lèguent à la fécondation
des bornes irréductibles
L’orbite
elliptique
est interceptée
par le brûlant ballet des sauterelles
qui du frétillement de leurs pattes
accordent la harpe de l’espace
en y soufflant l’ondulation du sable mouvant
d’innombrables petites parcelles de prisme
et de bleu-miroirs délimitent
leur expansion de sel
à la coupe de la ciguë
Sous le poids
du désert
une oasis est plus fugitive
que le nomade
La hâte nous devance
de sa fugue éreintée
l’ascension est une carcasse d’errance
La métaphore
des cœurs nomades
frappée de mal d’encre
la langue dans son intense
désir de bourgeon
fait jaillir la source des profondeurs
de la soif
aux hallucinations nocturnes
la ruse de l’œil érige l’obélisque du rêve.
Ces « Poèmes » de Bonel Auguste ont été publiés pour la première fois dans La Nouvelle Revue Française 576 (janvier 2006), pages 190-192 et sont reproduits sur Île en île avec la permission de l’auteur.