LA RIMEMBRANZA
Seduto sul balcone dell’eternità, André meditava. Dopo tutto, si diceva, non è così male guardare da molto in alto e scrutare da lontano le miserie della vita. Malgrado le vestigie della storia, le turbolenze del presente e i brividi dell’avvenire, tutto sembrava calmo e piatto eccetto la dolce follia degli umani. Quest’ambiente strano dove navigava, avanzava tra molteplici orizzonti e poteva a piacimento scegliere uno di essi. Così, retrocesse nel pieno dei massacri e constatò che erano tanto numerosi quanto gli escrementi di capretto. Si proiettò poi verso prodigiose scoperte e vi stagnò come una zattera persa nell’oceano delle memorie. Gli umani pensano a torto di essere la misura di tutto l’esistente mentre così tante materie ignorano la loro infima presenza ed è un gran peccato. Guardava universi impensabili, forme improbabili, profondità insondabili e più procedeva più pensava che nulla può avvolgere tutto il creato.
Abitava i suoi orizzonti, assaporando lo spazio quando sorse, dall’al di sotto, una musica strana che mescolava cicloni caraibici, terremoti e grandi soffi marini. In questi suoni dell’al di là si coniugavano al contempo l’Occidente tormentato, l’Africa tumefatta e il rimorso degli amerindi. Vibrazioni miracolose, le note si distaccavano come palloni pur andando in tutte le direzioni e dalle loro onde successive nasceva la vertigine di una preghiera. In queste frequenze tenui e testarde, si potevano captare melopee che facevano pensare a Auschwitz, battiti di tamburo, piogge sincopate e tracce di canzone creola. Tutta la bellezza si ritrovava in questa sinfonia! La si gustava all’ineffabile, pur perdendosi nella cucina di questo maelstrom sacro.
E a forza di ascoltare, a forza di udire, l’uomo comprese che era la musica dei secoli.
La Souvenance
Assis sur le balcon de l’éternité, André méditait. Après tout, se disait-il, ce n’est pas si mal de voir de très haut et de scruter de loin les misères de la vie. Malgré les vestiges de l’histoire, les turbulences du présent et les frissons de l’avenir, tout semblait calme et plat hormis la douce folie des humains. Ce milieu étrange où il voguait, avançait parmi plusieurs horizons et il pouvait à loisir choisir l’un d’eux. Alors, il régressa en pleine tueries et il constata qu’elles étaient aussi nombreuses que des crottes de cabri. Il se projeta ensuite vers de prodigieuses découvertes et il stagna là comme un radeau perdu dans l’océan des mémoires. Les humains s’imaginent à tort qu’ils sont la mesure de tout l’existant alors que tant de matières ignorent leur infime présence et c’est grande pitié. Il voyait des univers impensables, des formes improbables, des profondeurs insondables et plus il allait plus il pensait que nul ne peut étreindre toute la création.
Il habitait ses horizons, savourant l’espace lorsque surgit, par en-dessous, une musique étrange qui mélangeait cyclones caribéens, tremblements de terre et grands souffles marins. Dans ces sons de l’au-delà se mariaient à la fois l’Occident tourmenté, l’Afrique tuméfiée et le remords des amérindiens. Vibrations miraculeuses, les notes se détachaient comme des ballons tout en allant dans toutes les directions et de leurs vagues successives naissait le vertige d’une prière. Dans ces ondes ténues et têtues, on pouvait capter des mélopées qui faisaient penser à Auschwitz, des battements de tambour, des pluies syncopées et des traces de chanson créole. Toute la beauté se retrouvait dans cette symphonie! L’on goûtait à l’ineffable, tout en se perdant dans la cuisine de ce maelstrom sacré.
Et à force d’écouter, à force d’entendre, l’homme compris que c’était la musique des siècles.
